Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 2.djvu/429

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mer entièrement ce commerce dans les mains des employés de la Compagnie, sous peine de s’exposer à des conséquences pires que celles auxquelles on voulait échapper ; il le fallait même dans l’intérêt des indigènes. « Si l’on n’offrait aucune chance de fortune indépendante, il devenait ridicule d’espérer qu’une vertu ordinaire suffirait à mettre les employés de la Compagnie en garde contre des tentations journalières, et que des hommes tout-puissants s’abstiendraient des dépouilles d’un peuple prosterné à leurs pieds[1]. » Mû par toutes ces considérations, Clive adopta la même résolution que le conseil, il conserva ces trois branches du commerce intérieur, le sel, le tabac et le bétel. Comme ces deux derniers articles n’étaient que secondaires, le commerce en fut un peu plus tard abandonné ; celui du sel, le seul conservé, fut organisé comme il suit.

Le monopole du sel fut concédé à une société composée de tous les hauts fonctionnaires du gouvernement, tant civils que militaires. Tous les employés civils, à compter du président jusqu’au facteur ; tous les officiers, depuis le général en chef jusqu’au major inclusivement, les chapelains et les chirurgiens militaires, faisaient partie de cette société. Ils étaient tenus de fournir un capital social divisé par actions, et de nommer un comité chargé de l’administrer. Les fonctions de ce comité con-

  1. Verelts, Vues sur le gouvernement du Bengale, p. 115.