Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 6.djvu/269

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il fallut laisser un intervalle d’environ deux cents verges entre la droite et la gauche. La nuit approchait ; la pluie commença bientôt à tomber avec une grande force ; officiers et soldats y demeurèrent exposés sans pouvoir se procurer le moindre abri ; les Birmans profitèrent de ces circonstances pour faire pendant toute la nuit un feu continuel sur les assaillants. Ils accompagnaient le bruit de cette fusillade d’un cri commençant d’abord sur un ton très bas, puis s’élevant graduellement pour se terminer en bruyants éclats répétés par des milliers de voix ; le silence recommençait pour être de nouveau troublé de la même façon quelques moments après. Les Anglais, de leur côté, employèrent leur temps à élever des batteries pour leurs pièces de 18 et pour leurs mortiers. Au point du jour ils se trouvèrent en mesure de commencer leur feu, d’ailleurs sans produire le moindre dommage sur les défenses de l’ennemi : bâties de bambous, elles ne présentaient aucune résistance au boulet qui les traversait sans la moindre difficulté ; mais grâce à l’élasticité de ce bois, le trou se refermait aussitôt. Comprenant l’inefficacité de ce moyen d’attaque, le général ordonna l’assaut ; les détachements commandés pour ce service s’avancèrent aussitôt vers la palissade, et, à leur grande surprise, la trouvèrent évacuée par les Birmans. Les morts et les blessés avaient été soigneusement enlevés : aussi ne put-on rien savoir de l’étendue de leurs pertes. Un régiment anglais fut chargé de la garde de Kemun-