Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 6.djvu/287

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raient l’arrêter : on le dirait amphibie de sa nature, tant il passe facilement de la terre à l’eau ou de l’eau à la terre. Il excelle dans la construction des radeaux ; il n’est encombré d’équipage d’aucune sorte ; du riz pour une quinzaine de jours, et qu’il porte sur ses épaules, forme tout son bagage ; il est toujours prêt à obéir à la première sommation de ses chefs. Ceux-ci, lorsqu’ils n’ont pas à redouter la présence de l’ennemi, laissent leurs corps d’armée se subdiviser en petits détachements, pour la plus grande facilité des approvisionnements ; un rendez-vous général est alors fixé, et il est rare que quelques uns y manquent. Ainsi fit Bandoolach dans cette circonstance. Dans l’espace d’une seule nuit, sans éveiller en quoi que ce soit les soupçons des Anglais, il évacua tout-à-coup la position qu’il occupait dans le voisinage de Ramoo. Le lendemain les avant-postes anglais s’étonnèrent de ne plus apercevoir les ennemis de la veille. D’ailleurs aucun indice ne révélait la route suivie par eux ; pas un malade, pas un blessé n’était demeuré en arrière. Un amas considérable de grain, rassemblé sans doute dans l’espérance d’une prochaine invasion du Bengale, était la seule trace de nature à faire soupçonner le séjour récent d’un corps d’ennemis dans les palissades abandonnées.

À son passage à Ava, pour se rendre à son poste, Bandoolah fut accueilli avec de grands honneurs. Les Birmans en attendaient les conséquences les plus importantes. La nouvelle de cette nomination