Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 6.djvu/333

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dirigeant sur Theeboon. Cette marche, bien qu’elle ne fût que de douze milles, s’exécuta en grande partie la nuit. Au moment même où le corps d’armée se trouvait engagé dans une épaisse forêt, que n’auraient pénétrée qu’avec difficulté les rayons les plus perçants du soleil, la lune se cacha tout-à-coup ; la colonne, arrêtée à chaque instant par des obstacles naturels, n’avançait qu’avec une extrême lenteur ; les soldats étaient obligés de se tenir par la main pour ne pas perdre l’étroit sentier sur lequel ils cheminaient. Grâce à l’infatigable activité de l’officier chargé de la flottille, des vivres avaient été transportés jusque sur ce point ; les chariots de transport de l’armée furent encore une fois remplis. Là on reçut une note du brigadier-général Cotton : il annonçait la capture de Pantaing et l’immédiate arrivée du détachement embarqué sur la rivière. Le 2 mars, le corps d’armée arriva à Sarrawah ; là on vit pour la première fois le majestueux Irrawaddy qui se précipitait dans l’Océan. Sarrawah était une grande et populeuse ville, le quartier ou dépôt général des bateaux de guerre de l’empereur birman dans le Pegu. Sa population tout entière, hommes, femmes et enfants, avait déjà gagné l’autre côté de la rivière. De là ils considéraient avec une muette frayeur, un indicible étonnement, l’envahissement de leur ville par des étrangers. Dix vieux prêtres étaient seuls demeurés au milieu des rues désertes. Ces derniers furent aussitôt dépêchés vers les fugitifs, pour leur porter des paroles de paix ; les An-