Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 6.djvu/414

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tout le long de la route que l’ennemi avait suivie dans sa retraite, le même spectacle devait se représenter. Sur la plupart des endroits de campement, on ne pouvait piquer les tentes avant d’avoir d’abord dégagé le terrain des cadavres qui, à demi putréfiés, gisaient çà et là.

Le 21, le corps d’armée se mit en mouvement vers Melloone, où l’armée birmane se concentrait. La route, à mesure qu’on avançait, devenait de plus en plus mauvaise ; elle exigeait des efforts constants des pionniers pour mettre l’armée à même de parcourir une distance de sept à huit milles par jour. L’armée cheminait à travers une contrée tout-à-fait dépeuplée ; des ruines de villages, récemment détruits et brûlés, se montraient de temps à autre ; mais aucun animal domestique où sauvage. À peine çà et là quelques traînards de l’armée birmane, forcés de s’arrêter pour rendre le dernier soupir. La vie elle-même semblait pour ainsi dire bannie des vastes solitudes que traversait l’armée. La petite troupe des Anglais, leur chétif campement, semblaient comme perdus au sein de cette immensité ; c’était pourtant cette poignée d’hommes qui se proposait de conquérir tout un vaste empire. La faiblesse des moyens faisait singulièrement ressortir la hardiesse de l’entreprise. L’ennemi les surpassait en nombre dans la proportion de dix à un ; trois cents milles les séparaient encore de la capitale ; toute communication en raison de la distance ; était déjà interrompue entre les vais-