Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 6.djvu/91

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florissante, si animée, si belliqueuse, n’était plus qu’une ombre d’elle-même.

Les symptômes et le cours de la maladie se reproduisaient presque invariablement les mêmes. Une faiblesse, un malaise général se manifestait soudain sans que rien ne l’eût fait pressentir ; le malade perdait presque immédiatement toute force ; des nausées, des vomissements, un dévoiement que rien n’arrêtait, ne tardaient pas à survenir ; puis c’étaient des crampes ; puis un froid glacial aux extrémités, qui rapidement se glissait jusqu’au cœur. Une soif brûlante tourmentait le malade ; il demandait à grands cris un peu d’eau ; toutefois, à peine en avait-il pris quelques gouttes qu’il la rejetait aussitôt. Il conservait ses facultés intellectuelles jusqu’au dernier moment. Vingt-quatre heures, rarement quarante-huit, formaient la durée la plus ordinaire de la maladie. De ceux qui se trouvaient atteints par ce fléau, il n’en réchappait pas un sur vingt, et ceux-ci demeuraient dans un état de faiblesse dont aucun remède ne pouvait les guérir. Le malade était à peine expiré, que son cadavre exhalait aussitôt une très forte odeur. Les hommes de l’art ne surent point découvrir le siège de la maladie, encore moins son remède. L’opium et le laudanum calmaient l’irritation intérieure ; le calomel, spécifique universel de l’Inde, et d’autres stimulants ranimaient quelquefois le malade quand celui-ci tombait d épuisement ; la saignée pratiquée après la première attaque réussit quelquefois, ja-