Page:Barckhausen - Montesquieu, l’Esprit des lois et les archives de La Brède, 1904.djvu/100

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geoient à la poltronnerie la plus grande des peines, parce qu’elle étoit chez eux le plus grand des crimes. Leurs loix sur la sépulture étoient liées à leurs autres loix. Il n’y avoit que le maitre de l’esclave ou les parens de l’homme libre qui eussent le droit d’ensevelir[1] : car c’étoit à eux de venger sa mort. Ils devoient donc en avoir connoissance, et l’étranger qui l’auroit enseveli la leur auroit dérobée et auroit été présumé coupable. Des loix religieuses changèrent ces loix politiques.


De la Noblesse chez les Francs[2].

Qu’est-ce que la noblesse que l’usage continu de la grandeur[3] ? Or, il est bien plus aisé que la noblesse se perpétue dans une nation uniquement guerrière, où la grandeur est toujours jointe à la gloire, que dans les nations où le commerce et la maltôte une fois établis, la grandeur se trouve jointe aux richesses, qui varient perpétuellement. En vain, dans ces nations, attacheriez-vous aux grandes familles des fiefs perpétuels. Ces fiefs passeroient bientôt à d’autres, et elles perdroient leur grandeur.

Si j’avois le tems de suivre M. l’abbé Dubos, je ferois voir que tout ce qu’il dit se réduit à une question de nom et à une explication de ce mot ordre, et que M. l’abbé Dubos prouve seulement qu’il y avoit, chez chaque peuple descendu de Germanie, des distinctions entre les nobles et les hommes simplement libres ; des distinctions qui n’étoient pas précisément les mêmes chez chaque peuple ; et que les distinctions qui étoient entre les nobles et les hommes du peuple chez les Francs et

  1. En marge : « Loi des Bavarois, tit. 18, chap. 6, § 2. »
  2. Ce titre se trouve dans le manuscrit en tête d’un chapitre intitulé : « De la Noblesse chez les Francs. — Idée de M. l’abbé Dubos là-dessus » ; chapitre qui, remanié, est devenu le chapitre xxv du livre XXX de l’Esprit des Lois, et dont les fragments qu’on va lire sont une suite.
  3. En marge : « C’étoit sur ce que dit M. l’abbé Dubos, qu’il n’y avoit point divers ordres de noblesse chez les Francs. »