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CHAPITRE VI

OEUVRES EN PROSE.—LE THÉÂTRE


Musset a débuté au théâtre par une chute éclatante. Après le tapage de ses premiers vers, l’Odéon lui demanda une pièce, « la plus neuve et la plus hardie possible ». Il fit la bluette appelée la Nuit vénitienne, qui aurait passé inaperçue dans un temps de paix littéraire, et qui tomba sous les sifflets, le 1er décembre 1830. Cet échec eut les plus heureuses conséquences.

L’auteur piqué déclara qu’il n’écrirait plus pour la scène et tint parole. Il se trouva ainsi dégagé du souci de suivre la mode, qui donne aux pièces de théâtre un éclat factice et passager, et le leur fait payer par des rides précoces. Il n’eut plus à se préoccuper que des éléments supérieurs et immuables de l’art, les âmes et leurs passions, les lois de la vie et leurs fatalités. Négligeant les changeantes conventions théâtrales, dédaigneux des inconstantes