Page:Barine - Alfred de Musset, 1893.djvu/133

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accablent d’injures pour se dispenser de m’assommer comme ils le devraient. J’en ai assez d’entendre brailler en plein vent le bavardage humain ; il faut que le monde sache un peu qui je suis, et qui il est. Dieu merci, c’est peut-être demain que je tue Alexandre…. »

Le meurtre accompli, il goûte quelques minutes d’un bonheur ineffable.

LORENZO, s’asseyant sur la fenêtre.

« Que la nuit est belle ! que l’air du ciel est pur ! Respire, respire, coeur navré de joie !

SCORONCONCOLO.

« Viens, maître, nous en avons trop fait ; sauvons-nous.

LORENZO.

« Que le vent du soir est doux et embaumé ! comme les fleurs des prairies s’entr’ouvrent ! O nature magnifique ! ô éternel repos !

SCORONCONCOLO.

« Le vent va glacer sur votre visage la sueur qui en découle. Venez, seigneur.

LORENZO.

« Ah ! Dieu de bonté ! quel moment ! »

C’est l’hosanna de la créature délivrée du mal. Courte est l’illusion, courte la joie. Tandis que Florence se donne à un autre Médicis, Lorenzo sent que, décidément, le vice ne le lâchera plus,