Page:Barine - Alfred de Musset, 1893.djvu/152

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être amusant ; je prendrai peut-être goût à mes parures, que sais-je ? à mes carrosses, à ma nouvelle livrée ; « heureusement qu’il y a autre chose dans un mariage qu’un mari. Je trouverai peut-être le bonheur au fond de ma corbeille de noces. »—C’est la jeune fille qui a un fonds solide d’esprit sain et de bon jugement, mais à qui l’on a fait lire imprudemment beaucoup de romans anglais, et qui, dans son ignorance du monde, a été troublée par leur romanesque décent et sentimental.

Cécile n’aime pas les romans, ni le romantisme en action. Elle a vu tout de suite que Valentin, avec ses prétentions à la clairvoyance et à l’expérience, prend pour la réalité ce qui n’est que de la littérature, et elle le lui reproche gentiment : « Qu’est-ce que cela veut dire de s’aller jeter dans un fossé ? risquer de se tuer, et pour quoi faire ? Vous saviez bien être reçu chez nous. Que vous ayez voulu arriver tout seul, je le comprends ; mais à quoi bon le reste ? Est-ce que vous aimez les romans ?

VALENTIN.

« Quelquefois….

CÉCILE.

« Je vous avoue qu’ils ne me plaisent guère ; ceux que j’ai lus ne signifient rien. Il me semble que ce ne sont que des mensonges, et que tout s’y invente à plaisir. On n’y parle que de séductions, de ruses, d’intrigues, de mille choses impo