Page:Barine - Alfred de Musset, 1893.djvu/163

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retrouvant dans la Confession d’un enfant du siècle l’histoire à peine déguisée de leur malheureuse passion. Cette véracité scrupuleuse explique et excuse les longueurs de la cinquième partie, monotone récit de querelles si pénibles, que la victoire du rival de Musset, qui met fin au volume, est un soulagement pour le lecteur.

En résumé : une œuvre d’art très inégale, tantôt déclamatoire, tantôt supérieure, quelquefois fatigante ; mais un livre précieux par sa sincérité et très honorable pour Musset, qui y donne partout, sans hésitation ni réticences, le beau rôle à la femme qu’il a aimée, et qui n’avait pourtant pas été sans reproches. Telle apparaît la Confession d’un enfant du siècle, à présent que tous les voiles sont levés.

Les Contes et les Nouvelles sont de petits récits sans prétentions, écrits avec sentiment ou esprit, selon le sujet, et où Musset a atteint deux ou trois fois la perfection. La perle des contes est le Merle blanc (1842), où l’on voit l’inconvénient d’être romantique dans une famille vouée depuis plusieurs générations aux vers classiques. A la première note hasardée par le héros, son père saute en l’air : « Qu’est-ce que j’entends là ! s’écria-t-il ; est-ce ainsi qu’un merle siffle ? est-ce ainsi que je siffle ? est-ce là siffler ?…. Qui t’a appris à siffler ainsi contre tous les usages et toutes les règles ?

—Hélas, monsieur, répondis-je humblement, j’ai sifflé comme je pouvais….

—On ne siffle pas ainsi dans ma famil