Page:Barine - Alfred de Musset, 1893.djvu/166

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J’aime mieux faire une page médiocre, mais honnête, qu’un poème en fausse monnaie dorée ». Il était inadmissible que Musset pût écrire une page médiocre ; on lit dans le volume : « J’aime mieux faire une page simple ». Sur Mlle Plessy dans le Barbier de Séville : « Rosine n’a pas été espagnole, mais elle a été spirituelle ». Correction : « Rosine n’a pas été espiègle ». Ailleurs, taper est remplacé par frapper, au beau milieu par au milieu, je me suis en allé par je m’en suis allé, etc., etc. Il y a des pages entièrement récrites. Si Musset avait vu le volume, il aurait été pénétré d’admiration et de reconnaissance pour le zèle et la patience de son frère, mais peut-être se serait-il souvenu d’un travail d’agrément pour lequel l’aristocratie française s’était prise de passion au temps de sa jeunesse. Au printemps de 1831, les belles dames du faubourg Saint-Germain passaient leurs journées à coller des pains à cacheter en rond, sur de petits morceaux de carton qui devenaient des bobèches. Musset n’avait jamais pu comprendre l’utilité de ce travail : « N’y a-t-il plus de bobèches chez les marchands ? écrivait-il ; d’où nous vient cette rage de bobèches ? » Je ne sais si le travail d’épluchage de son frère lui aurait semblé beaucoup plus utile que la fabrication des bobèches en pains à cacheter.