Page:Barine - Alfred de Musset, 1893.djvu/181

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la fin, sérieux, et échappant du moins par la pensée à la fange dans laquelle il roulait trop souvent son corps. L’influence d’une humble religieuse avait contribué au développement des idées graves. Il avait été soigné pendant sa fluxion de poitrine, en 1840, par la sœur Marceline, dont il est souvent question dans ses lettres : A son frère (juin 1840) : «… Je finirai mes vers à la sœur Marceline un de ces jours, l’année prochaine, dans dix ans, quand il me plaira et si cela me plaît ; mais je ne les publierai jamais et ne veux même pas les écrire. C’est déjà trop de te les avoir récités. J’ai dit tant de choses aux badauds et je leur en dirai encore tant d’autres, que j’ai bien le droit, une fois en ma vie, de faire quelques strophes pour mon usage particulier. Mon admiration et ma reconnaissance pour cette sainte fille ne seront jamais barbouillées d’encre par le tampon de l’imprimeur. C’est décidé, ainsi ne m’en parle plus. Mme de Castries m’approuve ; elle dit qu’il est bon d’avoir dans l’âme un tiroir secret, pourvu qu’on n’y mette que des choses saines. »

A la maladie suivante, il avait fait redemander à son couvent la soeur Marceline. Très prudemment, on lui en envoya une autre. A la marraine : «… Au lieu d’elle, on m’a décoché une grosse maman,… grasse, fraîche, mangeant comme quatre, et ne se faisant pas la moindre mélancolie. Elle m’a très bien soigné et fort ennuyé. Ah ! que les sœurs Marceline sont rares ! combien il y a peu, peu d’êtres en ce monde qui sachent faire plus, quand vous souffrez,