Page:Barine - Alfred de Musset, 1893.djvu/185

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qui nous ont succédé que l’admiration enthousiaste et comme frénétique dont tous ces jeunes ont été saisis, les gloutons pour Balzac et les délicats pour Musset[1] ».

Sa gloire avait rayonné hors de France. Un écrivain anglais distingué, sir Francis Palgrave, lui a consacré un essai[2] que l’inattendu de certaines idées, de certaines comparaisons, rend doublement intéressant pour nous. Après avoir constaté que « Musset a réussi à franchir les barrières de Paris », sir Francis passe ses ouvrages en revue. Il en trouve guère qu’à blâmer dans la Confession d’un Enfant du siècle, qui lui paraît violente et désordonnée, très fausse, malgré ses prétentions au réalisme. En revanche, il place les Nouvelles à côté de Werther, du Vicaire de Wakefield, de la Rosamund Grey de Charles Lamb et de certaines pages de Jane Austen.

Les vers de Musset le font penser, non à Byron, ainsi qu’on aurait pu le croire, mais à Shelley, à Tennyson et « peut-être » aux poètes de l’âge d’Élisabeth. Ils sont « musicaux et point déclamatoires ». D’après lui, les Anglais préfèrent Musset à Lamartine parce qu’il est moins absorbé dans son moi, et à Victor Hugo parce qu’il ne les fatigue pas d’antithèses. Certaines de ses pièces possèdent « une

  1. La note de Sainte-Beuve est de 1869. Ce sont presque les dernières lignes de son Journal. Sainte-Beuve est mort le 13 octobre 1869.
  2. Oxford Essays, 1855.