Page:Barine - Alfred de Musset, 1893.djvu/20

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Son grand ouvrage fut un poème en plusieurs chants sur les Chats. Il faisait du chat un humanitaire, ami des pauvres et de leur maigre cuisine :

    C’est pour eux que son dos se gonfle,
    Pour eux, dans sa poitrine, ronfle
    La patenôtre du plaisir.

Il se plaisait aux difficultés techniques, comme d’écrire sur trois rimes—et sans chevilles ! —tout un chant de son poème, ou d’inventer des rythmes compliqués. Il avait deviné Théodore de Banville plutôt que Victor Hugo. Son influence manqua à son petit-fils quand celui-ci eut à défendre contre les siens, nourris dans le classique, les enjambements et les épithètes imprévues des Contes d’Espagne et d’Italie. Les Fantasio comprennent tant de choses.

La grand’mère Guyot-Desherbiers était un échantillon remarquable de la bourgeoise française du siècle dernier. Elle avait infiniment de bon sens, et cela ne l’empêchait point d’être une fille spirituelle de Rousseau, passionnée comme Julie et Saint-Preux, et comme eux éloquente dans les heures d’émotion. Non point l’éloquence qui fait dire d’une femme qu’elle parle comme un livre, mais l’éloquence pathétique qui remue. Elle produisait alors une impression profonde sur les siens, habitués à la voir tranquille et grave. Mme de Musset-Pathay, sa fille aînée, tenait beaucoup d’elle.

On voit que les origines intellectuelles