Page:Barine - Alfred de Musset, 1893.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Criait d’une voix aigre
    Qu’on oublie au couvent
          L’avent.
    Moines autour d’un cierge,
    Le front sur le pavé
          Lavé,
    Par décence, à la Vierge,
    Tenaient leurs gros péchés
          Cachés.

Est-ce déjà une parodie de la poésie romantique, comme la Ballade à la lune ? Il n’y aurait rien d’impossible à cela. Alfred de Musset au Cénacle a toujours été un élève zélé, mais indocile. On avait la bonté d’écouter ce bambin, et il en profitait pour rompre en visière sur certains points au maître lui-même. Il n’accepta jamais l’obligation de la rime riche. A l’apparition de ses premières poésies, il écrivait au frère de sa mère, M. Desherbiers, en lui envoyant son volume : « Tu verras des rimes faibles ; j’ai eu un but en les faisant, et sais à quoi m’en tenir sur leur compte ; mais il était important de se distinguer de cette école rimeuse, qui a voulu reconstruire et ne s’est adressée qu’à la forme, croyant rebâtir en replâtrant » (janvier 1830). Sainte-Beuve, témoin de ses premiers tâtonnements, déclare qu’il dérima après coup, avec intention, la ballade andalouse, et que celle-ci était « mieux rimée dans le premier jet ».

Il se croyait également affranchi—on pardonnera cette présomption à sa jeunesse—de ce qu’il y a de déclamatoire et de forcé chez les ancêtres du romantisme. Six ans plus tard, il rappelait à George