Page:Barine - Alfred de Musset, 1893.djvu/62

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dans la fameuse tirade sur don Juan qu’il s’est livré avec abandon. C’était son propre rêve qu’il contait, dans les strophes étincelantes où il peint ce bel adolescent

   Aimant, aimé de tous, ouvert comme une fleur,

que la divinisation de la sensation condamne à la recherche éperdue d’un idéal impossible, et qui en meurt le sourire aux lèvres, « plein d’espoir dans sa route infinie ». Les don Juan, hélas ! sont exposés à devenir des Rolla. Quand Musset le comprit, il était trop tard, et il ne put que crier d’angoisse comme Frank.

Il est à remarquer que le Spectacle dans un fauteuil ne contient plus guère de rejets et de vers brisés, sauf dans Namouna. La forme de Musset devient un compromis entre la nouvelle école et l’ancienne. Il érige de plus en plus en système la pauvreté de la rime :

    Vous trouverez, mon cher, mes rimes bien mauvaises ;
    Quant à ces choses-là, je suis un réformé.
    Je n’ai plus de système, et j’aime mieux mes aises ;
    Mais j’ai toujours trouvé honteux de cheviller.
    Je vois chez quelques-uns, en ce genre d’escrime,
    Des rapports trop exacts avec un menuisier.
    Gloire aux auteurs nouveaux, qui veulent à la rime
    Une lettre de plus qu’il n’en fallait jadis !
    Bravo ! c’est un bon clou de plus à la pensée.
    La vieille liberté par Voltaire laissée
    Était bonne autrefois pour les petits esprits.

Il renie la couleur locale obligatoire, fabriquée avec les Guides des voyageu