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première leçon

crate s’en fit le révélateur. Connais-toi toi-même : ces simples mots contenaient en germe la réforme de la philosophie, et, par la philosophie, de la religion, des mœurs et de la politique. La connaissance de soi-même est en effet le principe de toute sagesse. Par là l’homme connaîtra la mesure de son esprit, et, au lieu de se perdre en de vaines hypothèses, il saura se renfermer dans la réserve qui lui convient. C’est cette réserve que Socrate opposait au dogmatisme tranchant des anciennes écoles, comme aussi à l’outrecuidance des sophistes, et dont, en haine de ce dogmatisme et de cette outrecuidance, il exagérait ironiquement l’expression en disant : « Pour moi, tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien. » Mais par là aussi l’homme, ramené à lui-même, apprendra à connaître la dignité de sa nature et l’étendue de ses devoirs, et il pourra ainsi marcher dans la vie à la lumière du flambeau qu’il aura allumé dans son âme. Aussi Cicéron avait-il raison de dire que Socrate avait fait descendre la philosophie du ciel sur la terre : il l’avait en effet rappelée, des vaines spéculations où elle s’égarait, à l’étude de l’homme moral, comme à la première et à la plus importante de toutes les sciences. Voyons maintenant ce que Socrate tira lui-même de cette étude.

Elle lui apprit à ne voir dans le corps qu’un instrument de l’âme, et par conséquent à placer la fin de la vie non dans la satisfaction des besoins physi-