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Huit jours chez M. Renan

tribunal. Nous nous sommes beaucoup aimés.

« En 1830, j’avais huit ans ; ma mère et moi, nous étions chez les Morand, au manoir de Travern, près de Trebeurdin, au bord de la mer. Je vois encore notre banc de pierre abrité de la brise, et les vagues qui se pressaient. Je lisais Télémaque. Ma mère aimait beaucoup Télémaque, monsieur. C’est un bien beau roman. Et une vieille femme accourut disant : « Ar revolution so e Paris ! La révolution est à Paris ! Nous restâmes désespérés, à cause de mon frère Alin qui était là-bas, et nous pensions qu’on allait tout tuer. »

Je ne sais comment M. Renan me dit cette histoire, mais j’y trouvai, dans un raccourci touchant, les visions de ce milieu étroit et sentimental où, petit enfant, près de sa mère, il préparait son génie. Avait--