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Huit jours chez M. Renan

J’avoue que la question me parut aussitôt fort maladroite. Mais cette chaleur, cette digestion du milieu du jour, m’ont toujours accablé.

M. Renan, (qui me traite avec beaucoup de faveur, parce que je suis jeune et que je n’interroge que pour plaire), ayant levé sur moi ses yeux extraordinaires de finesse, me rassura de la tête ; puis il installa son énorme corps pour parler plus à l’aise : « Le monde a prétendu que j’étais un écrivain inconvenant. Je croirai difficilement que j’exalte le vin, les femmes et la chanson, et que, devenu grivois sur le tard, je dépasse Béranger, pour lequel, jadis, j’ai dit ma répugnance jusqu’à inquiéter l’impartialité de Sainte-Beuve, qui n’était pas non plus un esprit en goguette. Pourtant, que j’offense le front tendre des mon-