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CHAPITRE V

DANS LES SALONS À ŒILLETS ROUGES,
STUREL RENCONTRE MADAME DE NELLES

Sturel revint souvent à l’Hôtel du Louvre où, dès la seconde visite, chacun, à la suite du chef, le traitait en familier. C’était l’usage que le général Boulanger, s’il acceptait une invitation, fit connaître de quels amis il lui plaçait d’être entouré. Toujours Dillon, souvent Laguerre, Naquet, Le Hérissé ; Laisant aussi et parfois Sturel. Dès avril 1888, les salons de Paris les plus élégants, et quelques-uns des plus fermés, furent tout à l’œillet rouge. Les jolies femmes, intéressées comme de vraies Françaises par ce beau roman rapide, faisaient fête à ce joli homme, et tous par vanité, par intrigue, surenchérissaient d’adulation. La différence entre certains engouements et une divinisation n’est pas dans l’intensité, mais dans la durée du sentiment.

Ces salons, par des manifestations tapageuse et une confiance insensée, compromettaient la cause et jouaient involontairement le rôle d’agents provocateurs. Quels services pouvaient-ils rendre ? Qu’est-ce