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DÉDICACE

ainsi dans leur voyage le long de la Moselle. Et, si je me plaçai à leur point de vue dès 1888, j’y étais amené héréditairement par les pays qui le leur offrirent.

Il est possible que cette qualité lorraine m’oblige à concevoir des vérités qui ne sont pas, dans le même moment, vraies pour toute la France. On n’a pas été boulangiste à Tavers, à Beaugency, dans votre beau pays de vignerons heureux, qu’aucun danger évident ne pressait. Nos sentiments s’accordèrent du jour que le péril national vous apparut.

L’intelligence, quelle très petite chose à la surface de nous-mêmes ! Profondément nous sommes des êtres affectifs, et je désespérerais de dissiper jamais notre malentendu de 1889, si le soin du salut public ne venait d’éveiller chez tous les cœurs autochthones des aspirations — endémiques dans une province mille fois bouleversée.

Quand ces appels de la France Éternelle vous seraient demeurés incompréhensibles, une forte raison cependant me déterminerait à vous inscrire sur cette première page. Il convient pour l’expression totale de ma pensée qu’un livre, tout plein de la nationalité lorraine, se