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CHAPITRE VI

LES AMOURS
DE STUREL ET DE MADAME DE NELLES

La baronne de Nelles, en 1888, habitait un fort bon hôtel, le deuxième à main droite dans la rue de Prony, près du parc Monceau. Sturel immédiatement y devint assidu. Le baron de Nelles croyait à la dissolution et à un plébiscite de fait sur le nom de Boulanger. Cet homme, qui savait être, selon les occasions, impertinent ou utilitaire, favorisa l’intimité de sa femme et d’un familier du Général.

Déjà, rue Sainte-Beuve, cinq années auparavant, chaque apparition de Mme de Nelles, alors Thérèse Alison, avivait la sensibilité de Sturel, soit qu’il la rencontrât légère et qui semblait emporter un secret, dans l’escalier de la villa, soit qu’au salon il s’assit auprès d’elle, doucement parfumée et dont les yeux, la bouche et la main, dans leurs conversations, le déconcertaient plus que des répliques victorieuses. Sans qu’elle eût sensiblement grandi ni grossi en devenant femme, elle faisait une impression plus ample de beauté et de volupté : comme jeune fille,