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L’APPEL AU SOLDAT

avec une telle vigueur que Déroulède soudain change de camp :

— Je revenais de Jersey pour déclarer le boulangisme fini, mais, en voyant vos sentiments, j’abandonne mon opinion. Nous ne pouvons pas tuer Boulanger, il faut le suivre.

Dans ce désarroi, tandis que Naquet, Laguerre, Laisant, fidèles à leur résolution de Jersey, coupent tous liens politiques avec Sainte-Brelade, tandis que Déroulède ramasse autour de lui le Comité national, brutalement l’exilé, selon sa tactique constante d’offensive, les devance et, le 14 mai, signifie sa volonté :

« … Je crois qu’il serait au moins inutile de troubler le pays par des agitations stériles. Le triomphe, il faut savoir l’attendre du temps et de la propagande des idées : mais je désire qu’il n’y ait plus désormais d’intermédiaire entre les citoyens et moi ; car personne ne peut mieux qu’eux-mêmes manifester leurs sentiments. La tâche du Comité me semble donc terminée et je vous prie de faire connaître à vos collègues que ceux d’entre eux qui le désirent peuvent désormais consacrer un concours, qui jusqu’ici m’avait été précieux, aux opinions qui leur sont particulièrement chères. Pour moi, j’ai à me recueillir, à méditer sur les leçons que contiennent les faits accomplis et à étudier d’une façon sérieuse les questions qui intéressent le peuple laborieux, pour mieux mériter les sympathies qu’il me témoigne encore… »