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LE CADAVRE BAFOUILLE

méprisant et une protestation indignée. Il adopta la tactique préconisée par Baïhaut ; il flétrit la « calomnie infâme » dans une lettre que M. Floquet lut en séance le 24 novembre. « Pour mon honneur, pour l’honneur du Parlement, je vous prie de vouloir bien ouvrir une enquête immédiate, d’entendre mes accusateurs et de m’entendre. » Il déclarait devant la Commission d’enquête : « J’oppose le démenti le plus formel à l’accusation portée contre moi. » Il ajoutait comme preuve morale, car quelle preuve matérielle opposer à une accusation inventée de toutes pièces : « Par mes goûts, par la situation que j’ai occupée, par celle que j’occupe encore, je suis en relation avec tout ce qui compte en France et à l’étranger parmi les artistes qui ont un nom. Je n’ai jamais accepté d’aucun d’eux, sous forme de présent, une œuvre quelconque. » Puisqu’on affirme qu’il a touché son pot-de-vin à Niort, il sollicite avec instance qu’on envoie des télégrammes à tous les banquiers, au procureur de la République, au président du Tribunal de cette ville. Enfin, il intente un procès à la Libre Parole.

M. le sénateur Béral préfère une manière plus humble. Pour caractériser la mise en scène de ces deux honorables on dira : Proust, c’est un cornélien, mais Béral se reporte au vieux génie des farces. Ce brillant polytechnicien, cet éminent