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LEURS FIGURES

tinguons point le secret qui faisait marcher nos hommes politiques et qui jetait Reinach sous le couteau de Herz. Ce secret, les tribunaux et la Commission d’enquête parlementaire ont tremblé de le connaître. Floquet, Freycinet et ces deux hommes politiques (Clemenceau et Ranc) qui allèrent supplier Freycinet au conseil des ministres de convaincre Lesseps et de faire donner satisfaction à Herz par Reinach, n’eussent parlé sans doute que mis au brodequin. Pour qu’on ne fasse pas la lumière, M. Joseph Reinach interdira au curateur légal, M. Imbert, de poursuivre Herz pour chantage au nom de la succession Reinach : il renoncera à la succession. D’ailleurs, déclare Joseph Reinach, que d’exagération ! « Mon oncle et beau-père avait seulement accepté trop à la légère de cautionner la Compagnie de Panama dans les dix millions qu’elle s’engageait à donner à Herz pour qu’il achetât du Parlement l’autorisation d’émettre des valeurs à lots. » Famille sans pareille, où, pour restaurer l’honneur des siens, on est trop heureux de les présenter comme de simples maîtres-chanteurs et comme des marchands d’influence politique !

Le système de défense adopté par Joseph Reinach ne résiste pas à l’examen. Il est exact qu’à la fin de l’année 1885 Charles de Lesseps, cautionné par Reinach, avait promis à Cornelius une somme de dix millions au cas où celui-ci obtiendrait de