Page:Barrès - La Terre et les morts.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

son identité un corps à qui l’on aurait enlevé le cerveau et le cœur, — il est bien explicable que les métaphysiciens d’abord aient été écoutés avec faveur, puisqu’en nous proposant un idéal ils s’engageaient à nous rendre une unité morale.

Mais loin de nous délivrer de nos incertitudes, ils ne firent que les multiplier. Toutes leurs affirmations contradictoires nous amenaient à douter davantage de nos devoirs et de notre méthode de relèvement. Et si l’un d’eux, par son éloquence, par la générosité de ses vues, nous disciplinait un jour, immédiatement il nous donnait pour besogne, d’affaiblir ses contradicteurs, de marquer ce qui sépare les Français plutôt que ce qui les rapproche et par là de troubler encore la nation.

Dans un seul temps, ils se réunirent, ces métaphysiciens ; c’était pour décorer l’estrade des anarchistes, et là, ces hâbleurs se turent quand leurs enfants terribles, les anarchistes de la salle, huaient la patrie et l’armée.

Ce spectacle ne peut être toléré. Seuls, un cœur paresseux et un esprit décidément corrompu par l’anarchie peuvent s’y attarder. Immédiatement en face de l’estrade anarchiste devait surgir cette estrade-ci, toute cette salle, enfin, la « Patrie Française ».


Ainsi vous êtes des faiseurs d’unité ; votre préoccupation n’est pas douteuse ; mais par