Page:Barrès - La Terre et les morts.djvu/7

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l’idée de Patrie à l’idée d’humanité, et d’une façon plus générale, sans entrer dans les détails, disons qu’ils créèrent un état d’âme social où les nouvelles institutions nécessaires au salut public purent prendre racine.

Eh bien ! Messieurs, dans notre Ligue, ce n’est pas la besogne administrative et gouvernementale d’un Stein que nous pouvons entreprendre, mais il nous appartient de créer l’état d’esprit national sans lequel le meilleur homme d’État demeurera impuissant.


Les conditions où se trouvait la Prusse et celles qui nous commandent aujourd’hui diffèrent absolument, cependant comme la Prusse alors, c’est par la compréhension des causes de notre affaiblissement, que nous devons commencer notre cure.

Vous le savez bien, que cette affaire Dreyfus est le signal tragique d’un état général ! Si une écorchure apparaît et si elle ne se guérit pas, le médecin suppose le diabète. Sous l’accident, il cherche l’état profond. Après cette affaire, si l’on agit point sur le corps du pays, nous verrons d’autres abcès de la même qualité, comme auparavant nous avons subi les scandales Wilson et les scandales de Panama.

Que seraient de telles affaires dans un pays sain ? Des incidents un peu exceptionnels qui recevraient rapidement leur solution normale (très probablement une vigoureuse opération chirurgicale).

Hélas ! la France ignore son état, ses besoins généraux et son but. Ainsi tout est