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AFFAISSEMENT

car ils se donnent en s’abordant de grands coups sur les épaules et souvent même sur le plat du ventre, avec enthousiasme. Moi qui répugne à ces pétulances et à leurs gourmes, plus tard, impotent, assis devant mes livres, ne souffrirai-je pas de m’être éloigné des ivresses où des jeunes femmes, avec des fleurs, des parfums violents et des corsages délicats, sont gaies puis se déshabillent. Et voila mon moindre regret près de tant de succès proposés, autorité, fortune, qu’irrévocablement je refuse. Refusés ! qui le croira. Où m’arrêterais-je si je me décidais à vouloir ?… Hélas ! quelque vie que je mène, toujours je me tourmenterai, d’une âcreté mécontente, pour n’avoir pu mener parallèlement les contemplations du moine, les expériences du cosmopolite, la spéculation du boursier et tant de vies dont j’aurais su agrandir les délices. »