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UN HOMME LIBRE

QUATRIÈME JOURNÉE
agonie de la lorraine

Ne quittons pas si vite un peuple qui voulait se développer. Nous savons quels tâtonnements, quelles misères c’est de chercher sa loi. Des échecs si nobles valent qu’on s’y intéresse. Allons voir ces plaines de Vézelize, tous ces champs de bataille sans gloire où la Lorraine s’épuisa. Quelques traits de ce peuple s’y conservent mieux que dans les villes ; car, à Nancy, vingt courants étrangers ont renversé, submergé l’esprit autochtone.

La campagne est plate, assez abondante, pas affinée, peut-être maussade, sans joie de vivre. Les physionomies n’ont pas de beauté ; les petites filles font voir une grimace vieillotte, malicieuse sans malveillance ; en rien cette race, d’ailleurs de grande ressource et