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UN HOMME LIBRE

jeune fille, délicate, n’a aucune impériosité. Mais celui-ci, peu connaisseur, mal renseigné, est pourtant très proche de Dieu ; son âme chargée d’ardeur, pour vibrer n’a nul besoin qu’un art ingénieux la caresse. C’est l’enthousiasme du charbonnier. Il saisit la première occasion de grouper les émotions dont il est rempli et d’en jouir. L’important n’est pas d’avoir du bon sens, mais le plus d’élan possible. Je tiens même le bon sens pour un odieux défaut. L’Imitation de Notre-Seigneur Jésus-Christ, cher petit manuel de la plus jolie vie qu’aient imaginée les délicats, l’a très bien vu : les pauvres d’esprit, s’ils ont cru et aimé, sont ceux qui approchent le plus de leur idéal, c’est-à-dire de Dieu. Ce n’est pas en chicanant chacun de mes désirs, en me vérifiant jusqu’à m’attrister, mais en poussant hardiment que je trouverai le bonheur.