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UN HOMME LIBRE

II
je profite de mes émotions

Cannes était encore vide (octobre). Je promenais mon malaise au long de la plage éventée jusqu’à la Croisette, où je demeurais immobile à regarder sur l’eau rien du tout, puis je repassais, avec la migraine, dans la grande rue, très vexé de n’avoir pas envie de pâtisseries. Quelques promenades en voiture ne pouvaient remplir mes journées ; j’avais spécialement horreur des wagons, qui m’enfermaient trop étroitement dans ma pensée, et de Nice, où je promenais mon ennui dans les cafés, en attendant l’heure du train pour Cannes. Jamais les après-midi ne furent aussi grises qu’à cette époque. Et quelles soirées, devant un grog ! Il est bien fâcheux que je n’aie eu personne avec qui analyser, brins