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SON PREMIER NUMÉRO

des travaux de la Molé. Il s’agissait d’un projet déposé en 1883, débattu par une commission durant six séances, rapporté par André Lebon et discuté en 1884. Le principe de la souveraineté nationale, contre lequel votèrent tous les monarchistes, venait d’être acclamé par quatre-vingt-dix voix sur soixante-dix. La consultation directe, plébiscite ou référendum, avait été acceptée par l’extrême gauche et rejetée seulement à une voix. Enfin, le système parlementaire fut écarté à une écrasante majorité : quatre contre un. Conclusion admirable ! dans cette école du parlementarisme, on vit, à la dernière séance de cette discussion fameuse, repousser successivement la Monarchie, l’Empire et la République !

Suret-Lefort donnait une très grande importance a ces résultats. Il prétendait avoir vérifié comme une loi constante que les fluctuations de la Molé précèdent celles du pays électoral, attestant la recrudescence d’énergie des états-majors. La majorité venait, en 1884, de passer de gauche à droite, dans la Conférence : Suret-Lefort en augurait, pour les prochaines élections générales, une orientation réactionnaire du suffrage universel. — Pour nous la protestation de ces jeunes politiciens contre la Monarchie, l’Empire, la République, c’est le signe de ce même malaise que témoignent les articles de Rœmerspacher, de Sturel, de Saint-Phlin…

Nous n’avons pas craint de laisser ces jeunes Lorrains prendre devant nous leur tournant un peu large, aujourd’hui qu’ils entrent dans la vie publique. Il s’agissait de savoir ce qu’il y a de social chez les anciens élèves d’un Bouteiller. C’est d’observation