Page:Barrès - Les Traits éternels de la France, 1916, Émile-Paul.djvu/14

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savoir aux Montmirail (c’était le nom des aînés) qu’ils eussent à baptiser leurs cadets, le soir même, militairement et sans les réjouissances traditionnelles.

Tous comprirent qu’ils allaient avoir peut-être dans la nuit à gagner leurs régiments respectifs.

Écoutez un jeune poète de la promotion de Montmirail, Jean Allard-Méeus, raconter à sa mère cette soirée déjà devenue légendaire chez nous : « Après le dîner, prise d’armes devant le capitaine et le lieutenant de garde, seuls officiers autorisés à assister à cette cérémonie intime. Belle soirée ; dans l’air, des parfums oppressés ; l’ordre le plus parfait et le silence le plus grand. Les officiers de Montmirail avec le sabre, les « hommes » avec le fusil. Les deux promotions se massent sur le grand terrain, sous le commandement du major de la promotion. Discours patriotiques fort bien ; puis, au milieu de l’émotion grandissante, j’ai dit « Demain »