Page:Barrès - Les Traits éternels de la France, 1916, Émile-Paul.djvu/56

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fut plus fraternel, plus religieux qu’à cette heure. Comme de nombreux traits de l’Ancien Testament, obscurs et chétifs par eux-mêmes, ne prennent leur plein sens qu’à la lumière du Nouveau, de même les antiques prouesses des chevaliers et de nos aïeux respectés semblent n’être que la préfiguration des choses plus riches et plus saintes d’aujourd’hui. On dirait que l’histoire de notre nation tendait tout entière à ce que nous voyons depuis deux années. Des millions de Français sont entrés dans cet état d’héroïsme et de martyre qui jadis, aux époques les plus hautes de notre histoire, fut le fait seulement d’une élite. Jeune ou vieux, pauvre ou riche, et quel que soit son credo, le soldat français de 1916 sait que la France est une nation qui intervient quand il y a trop d’injustice sur la terre, et dans sa tranchée boueuse, le fusil à la main, il sait qu’il continue les Gesta Dei per Francos.

Roland au soir de Roncevaux meurt en murmurant : Terre de France, mult estes dulz