Page:Barrès - Un jardin sur l’Oronte, 1922.pdf/207

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

souhaite la mort. Ou plutôt qu’elle vive et que moi, je cesse d’exister.

Oriante se taisait et sentait sa puissance.

Mais Isabelle :

— Ne sauriez-vous prendre un peu de bonheur ! Rappelez-vous ce que dit le poète : « Entraînée par le blanc coursier du jour et par la cavale noire de la nuit, la vie galope à deux chevaux vers le néant. » Dans cette minute, sire Guillaume, tu tiens ton amie à ta discrétion. Elle est ici, nulle part ailleurs. Elle t’offre ses caresses. Ne vas-tu lui répondre que jalousie et méchanceté, et crois-tu qu’il soit raisonnable que tu repousses ce que tu désires au point d’en mourir ?

Sur la pauvre natte de jonc, recouverte de fleurs, elle jetait leurs man-