Page:Barrès - Un jardin sur l’Oronte, 1922.pdf/209

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

noyer dans la nue, elles retombaient au fond de Qalaat. Ce qui naît de mon cœur, si je suis seule ; ce qui court à mes lèvres quand Isabelle et moi, dans la solitude, nous causons ; mes pensées vraies, mes paroles libres sont uniquement pour toi. Comment pourrais-je te rejeter ? N’es-tu pas l’artère qui nourrit mon cœur ? Comment pourrais-je, aussi complètement que je le voudrais, en caresses, en paroles, en effusions d’une joie qui ne peut tenir en place, t’exprimer ma tendresse ? Quel vide tu m’as laissé ! Je n’aurais pu supporter ton absence sans Isabelle. Lumière fidèle de ma vie ! Une fatalité nous oppresse, c’est à nous de la surmonter. Prends-moi dans tes bras, appuie ta joue contre la mienne, et laisse glisser sur nos deux visages mes cheveux dénoués.