Page:Barracand - Ode à Lamartine, 1881.djvu/12

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Bien souvent une larme, au bord des cils tremblante,
De sa joue à ses mains, furtive, avait roulé,
Ainsi qu’on voit, l’hiver, une sève sanglante
S’échapper en long pleur d’un arbre mutilé.

Quel plus âpre chagrin, en lui plantant sa serre,
Faisait qu’ainsi son cœur s’était mal défendu ?
Était-ce le public bafouant sa misère ?
L’héritage natal morcelé, puis vendu ?
  
Était-ce la cité dont le lointain tumulte
Grondait à son oreille en rumeurs de défi,
Lui prodiguant l’affront, le mépris et l’insulte,
Comme si le dédain n’eût pas encor suffi ?

Non, de la foule ingrate il n’avait rien à craindre ;
Son sarcasme imbécile et son rire moqueur
Le harcelaient en vain, le visaient sans l’atteindre :
Hors de toute portée il avait mis son cœur !

Lorsque ce pleur soudain du fond de l’âme émue
Jaillissait, à ses yeux et les venait noyer,
Comme jaillit du sein des tisons qu’on remue
Une vive étincelle endormie au foyer,