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PRÉFACE





Le point délicat de cette étude était de juger, sans parti pris, les poètes symbolistes. Si beaucoup d’entre eux ont déjà cédé au sort, d’autres sont encore vivants. En pareil cas, un critique obéit presque toujours à ses préférences personnelles. Invinciblement la partialité devient sa loi.

L’auteur de cette étude ne s’est proposé ni d’allumer des encensoirs ni de donner les étrivières. Il sait, par expérience, qu’il est difficile d’écrire un livre, et qu’un ouvrage, aussi mauvais soit-il, réalise toujours une intention. Or, celle-ci est, à son sens, plus essentielle à signaler que les défaillances de l’écrivain. Au reste, ceux qui tentent une œuvre originale ont droit à la bienveillance. Le métier littéraire est une entreprise où le courage est trop utile pour que l’auteur de cette étude vienne à son tour crier haro sur des poètes estimables, sinon par leur génie, du moins par leur labeur. Assez d’autres y pourvoiront sans lui. À tort ou à raison, il a pensé qu’à propos de tout poète, trois questions sont possibles : « Qu’a-t-il voulu faire ? Comment l’a-t-il fait ? Comment aurait-il pu le faire ? » Les deux premières questions sont objets d’histoire de la littérature ; la dernière de critique. L’auteur de cette étude n’a voulu traiter ici que d’histoire littéraire. Il ne se sent pas qualifié pour dicter