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LE SYMBOLISME



II. — Les Indépendants


Les poètes de ce camp-là ont la plume érudite ou acérée. Ils s’appellent Ferdinand Hérold ou Laurent Tailhade.

2. Ferdinand Hérold. — F. Hérold est d’avis que le symbolisme est aussi ancien que la poésie. Il n’y a entre les poètes actuels et les poètes de l’antiquité qu’une différence d’habitude dans l’expression. Ceux d’aujourd’hui font avec méthode et système ce que ceux d’autrefois commettaient par accident poétique. On compte en littérature deux sortes de symbolisme : le symbolisme d’idée et le symbolisme de sentiment. Le symbolisme d’idée consiste à étudier les légendes et à dégager le sens qu’elles peuvent avoir. Ce symbolisme remonte aux âges les plus lointains. La légende de Bouddha qui symbolise le renoncement est presque à l’origine de la pensée humaine. Ce genre de symbolisme n’est pas rare dans la littérature française. On en trouve des exemples chez Molière avec son Don Juan, chez Vigny, Victor Hugo, Leconte de Lisle et même dans la plupart des livres de Zola. Chez le romancier il est vrai, le symbole perd son sens profond pour revêtir cette forme facile et populaire dont le grand alambic de l’Assommoir résume le type.

Le symbolisme de sentiment réside uniquement dans la manière de traduire nos impressions. En général, pour exprimer un sentiment, nous nous servons de termes abstraits, pour exprimer des sensations concrètes nous usons de termes concrets. La méthode symboliste consiste à trouver une analogie entre ces termes abstraits et concrets et à les prendre les uns pour les autres. A pénible par exemple on substitue le mot dur et au lieu d’écrire une douleur pénible, on écrit une douleur dure. A froid on substituera réservé et au lieu d’écrire un homme froid on écrira un homme réservé. Dans le premier cas on va de l’abstrait au concret, dans le deuxième du concret à l’abstrait. Supprimer les