Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/122

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fusiller vous-mêmes les Invalides.  » Beaucoup d’entre eux le firent, car c’était eux qui gardaient les tours. Les Suisses étaient placés devant le pont-levis, dans chacune de ses tours, à la hauteur d’homme  ; ils faisaient un feu de file et ils ont tué tous ceux qui se présentaient vis-à-vis le pont.

Les citoyens armés se retranchaient de toutes parts, derrière les maisons, sur les toits, d’autres derrière les cheminées.

Enfin, sur les deux heures et demie le feu cessa, et ce fut dans ce moment qu’un citoyen nommé Tournay, compagnon charron, mais ancien militaire du ci-devant Régiment-Dauphin, résolut d’abattre le premier pont-levis. Il monta sur les épaules de plusieurs de ses concitoyens et, parvenu à se saisir d’une des chaînes, il grimpa jusqu’à la bascule  ; là, il essuya une décharge de plus de cent coups de fusils  ; aucun ne le blessa  ; on lui donna une forte pioche  ; il la jeta par terre et se laissa couler  ; à force de coups de pioche, il parvint à briser les verrous et serrures qui retenaient le pont-levis. Le pont s’abattit et personne ne périt dans cette action, malgré le feu continuel que la garnison faisait et qui n’a cessé qu’une demi-heure après. Le premier pont-levis gagné, le citoyen Tournay a eu huit trous de balles, tant dans son