Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/199

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    intention, et s’ils n’atteignirent pas leur but, c’est que l’armée commandée par Wimpfen ne résista pas longtemps à l’armée républicaine dirigée contre elle par Robert Lindet.

    « Les chefs de l’armée catholique et royale tinrent à Saumur un conseil de guerre : on y discuta les moyens de tirer le plus grand avantage des succès inespérés qui venaient d’être obtenus. Ils ne furent point d’accord entre eux. Rien ne fut décidé parce que les paysans commençaient à se rebuter de tant de fatigues dont leurs chefs seuls profitaient ; ils étaient découragés par les pertes immenses qu’ils avaient éprouvées à l’attaque de Saumur et à celle de la petite armée de Salomon ; ils murmuraient tout haut et désertaient en foule. L’influence de leurs prêtres était insuffisante pour les retenir. Les généraux des rebelles se virent forcés d’agir promptement pour ne pas perdre le fruit de leur victoire et l’attaque de Nantes fut résolue ; ils savaient déjà qu’Angers était évacué.

    « Pendant qu’on délibérait à Saumur, le général Berthier, qui était infatigable et dont les talents et l’activité sont au-dessus de tout éloge, s’occupait sans relâche de la réorganisation de l’armée, et, avec des troupes battues et fugitives, il parvint en peu de temps avec de nouveaux renforts arrivés de Paris, à former une armée respectable composée de dix-huit mille hommes, munie d’une nombreuse artillerie et de tout ce qui était nécessaire pour rentrer en campagne.

    « J’ai déjà dit qu’après le combat de Saumur, Bourbotte s’était rendu à Paris. Mes collègues décidèrent que l’un de nous se rendrait à Niort, auprès du général Biron, pour l’inviter à sortir enfin de l’inaction dans laquelle il restait avec une armée plus nombreuse que la nôtre et qui, en attaquant l’ennemi sur un autre point que celui que nous défendions, pouvait opérer une diversion puissante. Le choix de mes collègues (Tureau et Richard) tomba sur moi ; pour la raison que je ne pouvais pas être utile à la réorganisation de l’armée parce que la blessure que j’avais reçue à Saumur, quoique légère, m’empêchait de marcher, et que la route de Poitiers et de Niort étant encore libre je pouvais aisément y parvenir en voiture, en prenant cependant quelques précautions pour éviter les surprises de quelques partis vendéens.

    « Arrivé à Niort, Biron me reçut comme je devais l’attendre d’un homme de cour ; il me fit beaucoup de compliments, beaucoup d’assurances de dévouement, beaucoup de promesses, et n’en con-