Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/208

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permission d’entrer puisqu’ils sont envoyés comme moi. — Bourdon de l’Oise me dit qu’ils n’entreraient pas, mais que je pouvais m’expliquer. Je m’expliquai :

Les officiers m’ont chargé de vous dire, au nom des braves camarades qu’ils commandent, que nous avons juré de nous battre ensemble et résolu de ne plus marcher en détail. Les Brigands donnent en masse, il nous faut faire de même. On nous envoie toujours quatre contre quarante… Le sang républicain est trop cher pour en faire si bon marché.

Biron était debout dans le Conseil, un fouet à la main : il tira sa clef de sa poche et la jeta sur le bureau en disant qu’il n’y avait qu’un lâche pour tenir de pareils propos, qu’il allait prendre un fusil et me montrer ce que c’était qu’un brave. Je lui dis : Vous pouvez être aussi brave que moi, mais pour davantage je vous en défie.

Depuis ce moment je fus en horreur aux amis et aux flatteurs de Biron[1].

  1. Ce n’était point assez de nous avoir envoyé le Suisse Witenkok qui commandait au 10 août la division de Paris, on remplaça le général plébéien Berruyer par un grand seigneur. Mais Beurnonville, ministre de la Guerre, qui, comme Biron était un commensal ou un ami de Philippe d’Orléans, avait ses raisons pour faire un pareil choix ; n’ayant pas de confiance dans la durée de la République, c’était un général en chef qu’il envoyait aux royalistes de