Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/265

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pour le chemin le plus court ; les représentants, au contraire, votèrent pour Nantes, à l’exception de Richard, Choudieu, Bourbotte. Le général Menou fit part au Conseil de ses réflexions et prouva la carte à la main combien ce dernier projet était mauvais. Santerre dit tout haut, en plein Conseil, qu’il n’y avait que des hommes n’aimant pas leur pays qui pouvaient présenter un tel plan d’attaque et que Dumouriez ne l’eût pas mieux rédigé. À ce moment, Philippeaux prit des notes. Les esprits s’échauffaient de part et d’autre, et, voyant combien les propos étaient personnels, je pris la parole : Il y a ici des ambitions, eh bien, je désire qu’elles cessent à l’instant ; je crois que notre seule ambition doit être de faire triompher les armées de la République. — Et directement je dis à Canclaux : Il ne faut pas de rivalité entre nous, nous devons être d’accord et en parfaite union. — Je proposai même au Conseil que le général Canclaux commandât en chef dès cet instant, et je dis que, s’il le fallait pour le bien du pays, je désirais servir sous ses ordres en qualité de général, que je ne tenais point à mon grade[1] ; et peu m’importait que l’armée triomphât sous mes ordres plutôt que

  1. Ce beau trait de désintéressement ne fut pas apprécié comme il devait l’être par le Conseil de guerre (Choudieu.)