Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/309

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parce que j’étais sûr de ne pas avoir trahi mon pays. Pendant plusieurs jours j’allai leur rendre compte de mes opérations, mais à contrecœur, car je les voyais tous les deux en véritables despotes : chaque jour c’était de nouvelles vexations ; ils ne me parlaient que de guillotine, et dans leurs propos ils disaient qu’il ne fallait plus de ces hommes à révolution, qu’il fallait les faire périr, qu’ils savaient qu’en ce moment on était à la recherche d’une grande conspiration, que plusieurs étaient déjà en prison, Ronsin, Vincent, Hébert, Momoro, etc., que leur clique ne tarderait pas d’être attrapée. — Je vis bien qu’ils disaient tout cela pour moi. Lassé d’entendre de tels propos, je leur dis que je n’en croyais rien, que ma conduite était irréprochable, que je ne connaissais aucune conspiration, que d’ailleurs je n’écrivais à personne, que j’avais assez d’occupations sans me mêler d’entretenir des correspondances particulières et que je défiais que l’on pût trouver une lettre de moi ailleurs qu’au Comité de salut public et chez le ministre, parce que c’était mon devoir.

Ils me parlaient si souvent de guillotine que cela me dégoûtait… Enfin, chaque jour, ils me tenaient des propos atroces ; ils buvaient à la santé de la République et des membres du Comité