Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/334

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et sans orgueil. Soldat, officier, général, j’ai toujours été le même, sans autre prétention que celle de remplir mes devoirs avec exactitude ; je n’ai jamais brigué aucune place ; j’ai obéi quand on m’a proposé de l’avancement, parce que j’ai cru que l’intérêt de la République l’exigeait ; j’ai toujours exposé ma faiblesse et mon insuffisance : les représentants du peuple, les généraux, mes camarades, m’ont encouragé en me promettant de m’aider de leurs conseils, de leurs lumières et de leur courage.

Envoyé pour poursuivre et terrasser les Brigands, je m’en suis acquitté en homme d’honneur.

Les Brigands étaient à mes yeux des ennemis cruels de ma patrie ; je les ai poursuivis sans relâche ; toute communication, toute explication avec eux me paraissait un crime, et je n’en eus jamais que sur le champ de bataille.

Malgré les atrocités qu’ils commettaient journellement envers mes braves camarades[1], je

  1. Crever les yeux aux défenseurs de la patrie qu’ils appellent les Bleus, leur couper les oreilles et le nez, leur arracher les membres, et, dans cet état, les suspendre à des branches d’arbre et allumer sous leurs pieds des brasiers ardents, ou bien attacher des cartouches dans les plaies de leurs corps mutilés et les faire périr par l’explosion de la poudre… tels sont les supplices inventés par ces hommes pour venger les mânes de leur tyran, apaiser la divinité et assouvir la rage des prêtres au nom desquels ils se battent. (N. de l’A.)