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CHAPITRE III


Être soldat. — Le marchand de chair humaine. — Nous ratifions. — Sous le nom de Francœur. — J’apprends à tirer avec des baguettes. — Dans la chambrée. — Mon premier duel. — Ruse de recrue. — Le vainqueur de la Giroflée. — Dispute sur un liard. — Je suis blessé. — Ma revanche. — En vrai luron.


Je pris le parti de me faire soldat. Je fus trouver un officier qui me donna cent livres d’engagement et un billet de dix écus pour le régiment. Je vendis mes outils et je fus faire mes adieux à ma mère avec l’officier à qui je m’étais engagé. L’officier avait ses desseins : il croyait que ma mère ne me laisserait pas partir et, apparemment, il comptait sur quelques louis d’or de bénéfice. Mais ma mère, sitôt qu’elle me vit avec une cocarde, me dit : « Ah, ah Monsieur, vous avez fait la sottise, vous la boirez ! » Cependant l’officier lui dit : « Madame, si vous le voulez, il ne partira pas ; moyennant quelque petite chose, je vous rendrai votre fils. » Mais à l’instant je dis que je m’engagerais à un autre. Ma mère prit le parti de me