Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui devaient partir ; j’écoutais avec grande attention, mais ce fut inutile, mon nom n’y était pas. Je sortis alors en colère de la tente, et je dis au sergent-major que tous ceux qu’il venait de nommer étaient moins anciens que moi, et je demandai quelle était la raison qui m’empêchait d’aller au pays. Il me dit que ce n’était pas lui qui y avait apporté obstacle, mais que le capitaine ne le voulait pas ; alors je lui dis que c’était qu’il avait fait un faux rapport. Je fus trouver le capitaine qui était chez sa marquise, et voici les paroles que je lui adressai : Mon commandant, je viens d’entendre nommer ceux qui sont pour aller au pays, et je ne suis pas sur cette liste ; mon sergent-major m’a dit que c’était vous qui ne vouliez pas ; je viens savoir de vous la vérité. — Il me répondit d’un ton insolent qu’il fallait que je sorte sur-le-champ et qu’il n’avait pas de compte à me rendre. Enfin je lui dis que je voulais savoir quels motifs il avait contre moi, que je ne croyais pas avoir mérité aucun reproche concernant la probité et l’honneur. Il se mit en colère et me dit : « Monsieur, laissons la probité à part… tous les autres défauts vous les avez ! »  Il me répéta de nouveau de sortir, je lui dis que je ne le voulais pas, que je voulais avoir une raison ; enfin il me menaça de son épée. Je fus à