Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/64

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ces criminels comme il s’en trouve, car moi, c’était la justice que je réclamais. À la vérité, je m’étais emporté.

Enfin, le troisième jour, l’aumônier dudit régiment vint me voir, et il s’assit auprès de moi. Il me connaissait beaucoup, mais non pour m’avoir confessé, car depuis ma première communion je ne l’avais pas été. Il me questionna sur mon affaire. Je lui dis qu’il fallait me laisser tranquille, que je ne me trouvais pas en état de l’entendre. Il me dit : « Je vais aller trouver votre capitaine et je lui dirai que vous êtes très repentant de tout ce que vous lui avez dit, que ce n’est que la colère qui s’était emparée de vous, mais que vous êtes au désespoir, enfin que vous implorez sa clémence. » À peine avais-je la force de lui répondre oui.

En effet, l’aumônier fut trouver mon capitaine.

Après des discussions, celui-ci dit qu’il voulait un exemple et qu’il demanderait un conseil de guerre.

L’aumônier fut trouver le major, à qui le rapport avait été fait, mais qui n’en avait pas encore rendu compte au colonel.

Le major était un nommé d’Allons, Provençal et officier de fortune très vif, très instruit de l’art militaire, connaissant beaucoup les manœuvres.