Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/67

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pitaine ordonna que l’on me mît en haut, dans la salle de discipline, et je lui dis : Capitaine, je vous remercie des bontés que vous voulez bien prendre pour moi ; je vous demande excuse de tous les propos et injures que j’ai commis en votre personne. Vous voyez mon repentir et certes je ferai mes six mois de prison sans me plaindre ; je les ai bien mérités. — « Allez, monsieur, soyez sage », me dit-il ; et le treizième jour après, il me fit sortir, de sorte que je n’aie fait en tout que vingt-huit jours de prison.

Je n’en ai jamais voulu à mon capitaine, mais, ce coquin de sergent-major, je le détestais ; je ne pouvais le sentir ; aussi j’imaginais tout ce qui pouvait lui déplaire et tous les jours je lui faisais quelque tour nouveau : je lui coupais du crin dans ses draps ; il se grattait toute la nuit, vous eussiez dit plusieurs chevaux dans une écurie, il jurait, je riais de tout mon cœur ; d’autres fois, comme il ne se levait jamais la nuit pour uriner, je lui perçais son pot de chambre, de manière qu’il ne s’en aperçoive pas, et il était obligé dans la nuit de changer de draps. Pour toutes ces farces, il n’y avait que moi et un de mes amis qui lui en voulait qui savions cela. Le lendemain, on entendait dire qu’on avait fait telle farce au sergent-major ; mais